le guignol à roulettes

Expo marionnettes suisses 3 Salle 3 : Fixes ou nomades

Réalités d’artistes

Il y a en Suisse environ 120 compagnies de théâtre de marionnettes, la plupart itinérantes. Une douzaine de théâtres fonctionnent aussi de manière fixe dans autant de villes. Les premières ont choisi de fonctionner avec une structure souple et des moyens réduits où les artistes sont à la fois créateurs de marionnettes, interprètes, administrateurs, gestionnaires du personnel et de la technique, attachés de presse, poseurs d’affiches, chercheurs de fonds… et mille autres rôles. Elles partent sur les routes et vont à la rencontre du public dans les villages, les écoles. Les secondes ont choisi l’autre manière de vivre de leur art: sous un toit permanent, avec une régularité saisonnière, des employés, une répartition des fonctions et un budget plus conséquent. La diversité de la création suisse découle de ces réalités et rôles sociaux pluriels. Deux exemples ici: le théâtre de marionnettes Tokkel Bühni, itinérant depuis 1978, et le Théâtre des Marionnettes de Genève, institutionnel depuis 1980.

 

Le Théâtre des Marionnettes de Genève (TMG)

En 1929, Marcelle Moynier, rythmicienne, élève d'Emile Jacque-Dalcroze, découvre à 40 ans l'art de la marionnette à fils et décide de s’y consacrer. Elle joue avec sa troupe dans divers lieux de la ville avant de transformer le salon de sa résidence en théâtre. Adaptations d'opéras de Haydn ou de Mozart, La Tempête de Shakespeare, histoires inspirées de la Comtesse de Ségur ou des Frères Grimm: plusieurs générations d'enfants et d'adultes goûtent à l'art raffiné de la marionnette à fils. A la mort de Marcelle Moynier, en 1980, la ville décide de créer un théâtre public entièrement consacré aux arts de la marionnette.

Le TMG crée chaque saison trois à cinq spectacles pour enfants ou adultes utilisant toutes sortes de techniques: gaine, fils, tringle, tiges, objets... Auteurs, metteurs en scène, comédiens, plasticiens, musiciens, techniciens… plus de 50 professionnels participent chaque saison aux créations. Pas de troupe fixe au TMG, mais un véritable travail de compagnie. Le TMG rayonne: chaque année 150 à 200 représentations sont données en tournée dans les théâtres et les festivals en Suisse et à l'étranger. Sis au cœur d’un quartier populaire, le TMG (160 places) reçoit chaque saison 35’000 spectateurs et organise 300 représentations. Il invite régulièrement des compagnies étrangères. Le TMG est subventionné par le Canton et la Ville de Genève et son budget annuel est d'environ 1,6 million d'euros.

 

Le théâtre de marionnettes Tokkel Bühni

Tokkel? Le mot vient du haut moyen âge, lorsque «tocke» décrivait une marionnette, une poupée – un enfant aussi. Ce terme, aux origines du théâtre de marionnettes, a plu à Christoph et Silvia Bosshard-Zimmermann qui ont fondé en 1978, à Liestal, le théâtre de marionnettes Tokkel Bühni. Ces artistes complets maîtrisent aussi bien la création de leurs marionnettes que le jeu, la musique et le chant. La troupe crée chaque année un nouveau spectacle pour enfants ou pour adultes: contes - notamment des Frères Grimm – comédies, drames et «Kasperstücke». Elle a trente-deux pièces à son actif.

Du printemps à la fin de l’automne, c’est dans un chapiteau d’une centaine places que les deux artistes et leur collaborateur technique donnent environ 160 représentations, dans plus de quarante lieux en Suisse et à l’étranger. En hiver, la troupe joue dans les salles où elle installe sa scène mobile. Quelque 11'000 spectateurs assistent chaque année à ses spectacles. Et pendant dix-huit jours, le chapiteau devient baraque foraine à la Foire d’automne de Bâle, où Tokkel Bühni fait revivre la tradition séculaire des marionnettistes qui gagnaient leur pain sur les marchés.

Régulièrement invitée par des festivals à l’étranger, la troupe a aussi eu le bonheur de travailler à l’Opéra de Zurich dans «Il ballo delle ingrate» de Monteverdi (direction musicale de Nicolas Harnoncourt) ainsi que dans l’oratorio «Saul» de Händel, pour lequel elle a créé des marionnettes à taille humaine.
 Elle est soutenue par le canton de Bâle-Campagne pour ses nouvelles productions et fonctionne avec un budget annuel d’environ 82’000 euros.

 

marionnettes exposées

Partager ce contenu